Parcours de stages : notre série d'entretiens

Par Le 09/01/2016

Parcours de stages

A travers une série d'entretiens à publier dans les mois à venir, plusieurs jeunes professionnels livreront leurs impressions sur leur parcours de stages, et les enseignements qu'ils en ont tirés.

De quoi découvrir les impressions et les idées de jeunes urbanistes, de paysagistes, d'architectes, de cartographes et professionnels de l'environnement sur leur métier et leur toute jeune expertise.

En quelques mots simples, on vous en donne la teneur.

Éclectisme. C'est le mot qui revient le plus souvent chez nos jeunes professionnels pour résumer leur parcours de stages, lorsqu'on le leur demande. « éclectisme » mais également « diversité », « polyvalence », « variété »... autant de mots qui témoignent d'expérimentations professionnelles qui font tout le jeu d'un parcours de stages... impossible à résumer en une expérience unique et uniforme.

 

L'idée de pluridisciplinarité est par ailleurs ancrée chez plusieurs jeunes professionnels comme Fabrice Wack, architecte-urbaniste-paysagiste ayant essaimé, à 26 ans, tous ces domaines d'études à partir de son parcours d'architecte à l'ENSA (Strasbourg) et aujourd'hui installé aux Pays-Bas.

 

Choix. Un stage, c'est l'entame d'un parcours, parfois une étape déterminante d'un début de carrière professionnelle. Alors, autant dire que leur choix est primordial, pour être en accord avec soi, le parcours que l'on ambitionne. Et parfois on fait les mauvais choix sans s'en rendre compte...

 

Anaïs, jeune professionnelle aujourd'hui passionnée de géomatique et d'environnement, nous a ainsi narré - et non sans une pointe d'humour, son premier stage, où, pourtant passionnée par son sujet a priori, elle a finalement compté les jours au fond d'une bibliothèque qu'elle a fini par trouver moribonde... Alors, comme Anaïs, le stage est parfois l'occasion d'une réorientation prolifique.

 

Et, élément qui pourrait en surprendre quelques uns – principalement nos parents voire nos professeurs qui nous poussent parfois à accepter la première opportunité pour ne pas qu'on se retrouve ''sur le bord de la route'', certains préfèrent même enchaîner les refus pour trouver le vrai stage qui va les passionner... Cela a été le cas de Gaëlle Guegan, qui a enchaîné les entretiens positifs dans le cadre de sa recherche de stage de master « tourné à la fois vers les SIG et l'environnement ». Prise ici, prise là, elle a préféré refuser plus d'une opportunité afin de finalement dénicher un stage – the stage - qu'elle a réellement aimé.

 

Idées. De la suite dans les... ils en ont ! Qu'est-ce qui pousse quelqu'un à devenir urbaniste, architecte, paysagiste, cartographe ? L'opportunité, la passion, une certaine idée qu'on se donne de ce domaine ?

 

Et si l'on parlait du poste idéal, celui dont ces jeunes professionnels rêvent, qu'ils espèrent atteindre ? Yann Pellerin, urbaniste au stif, place, élément marquant et récurrent de cette série d'entretiens, son ambition dans la lignée de ces stages, en l’occurrence « la création d'une offre de transport ou la restructuration d'un réseau existant », un choix hyper logique, mature et pragmatique, permettant d'influer sur la ville, qui serait pour lui la concrétisation d'« un rêve d'enfant ».

 

Aude Bougeard a, elle, découvert la scénographie végétale au cours d'un de ses stages... et elle se verrait bien s'y investir. « J’ai concouru avec trois autres paysagistes au Festival Chaumont-sur-Loire 2016, j’espère que notre projet sera retenu, croisons les doigts ! Je rêverais de concevoir des décors éphémères pour des défilés, des publicités et des films ! »

 

Yann Aubry, lui, poursuit sa passion pour l'urbanisme jusque dans ses travaux de photographe où il photographie... des villes. C'est même une plus-value dans le cadre de ses travaux d'urbaniste. « Pendant mes stages j'ai affiné mon approche de la photographie. Cette activité est complémentaire de mon activité professionnelle. Elle se nourrissent l'une de l'autre. »

 

Qui a dit que cette génération n'avait ni direction, ni ambition ? Pas forcément eux.

 

Apprentissage(s). Au sens le plus terre-à-terre du mot, on dira qu'il y a ceux qui font des apprentissages, périodes intégrées d'un an au moins en entreprise. Comme Clarisse Lanau, en apprentissage à Toulouse Métropole et qui annonce que cela a été de loin son expérience la plus prolifique. « J'étais perçue non-pas comme une étudiante qui occupait un bureau, mais comme une collaboratrice à part entière. (…) je me suis sentie crédible dans le monde professionnel. »

 

Pour nos deux étudiants-paysagistes issus d'AgroCampus Ouest, pas d'apprentissages mais les stages, c'est chaque année. De quoi leur forger une expérience solide, très solide en les confrontant chaque année au monde du travail et à la recherche de stage – sans pour autant être aidés en cela par leur école. A l'issue de leur formation, Martin Bedier et Victor Noël auront tout de même chacun passé près de 2 ans en entreprise. Et ça, c'est rare.

 

Et au sens figuré – oui, on se la joue facile, on dira bien évidemment que tout stage est source d'apprentissages, comme un escalier à gravir, une succession d'étapes à franchir pour arriver à son objectif, défini ou restant à définir... Et parfois, on observe qu'on n'a pas tout à fait tous les outils pour gravir. Lucas Chazel, urbaniste investi dans la maîtrise d’œuvre en agences d'architecture, s'est vite rendu compte, lors d'un stage qu'il résume notamment par le mot « Adobe » (!) que « bien que sa formation lui ait donné des bases solides, l'enseignement des outils graphiques a cruellement manqué. »

Il tempère ainsi : « J'ai donc énormément progressé durant mon stage. » Lucas a aujourd'hui terminé ses études et se lance dans le monde pro. « En début de vie professionnelle je pense que toutes les expériences sont bonnes à prendre, j'ai encore énormément de choses à apprendre dans le domaine de l'urbanisme et de l'aménagement. J'ai décroché un CDD d'un an dans un bureau d'études en Corse, et je suis super enthousiaste même si l'urbanisme réglementaire n'est pas vraiment ma tasse de thé. Mon but serait de créer ma propre structure d'archi-urba-paysagiste. »

 

Réseau. Il s'agrandit au fur et à mesure qu'on avance dans ses stages, au fil des rencontres, spontanées ou pas, rendues possibles par l'entreprise... ou pas. Sans qu'on leur ait demandé quoique ce soit à ce sujet, plusieurs de nos cobayes ont affirmé d'emblée avoir gardé des liens avec plusieurs de leurs anciens collègues et cela semble important pour eux.

 

A l'origine tournée vers la recherche, Sophie Tronçon a été encouragée par ses professeurs à se lancer dans un stage en géomatique « qui l'a passionnée ». Elle se rappelle qu'à l'époque « sa connaissance du réseau était encore nulle ». Ce qui ressort de cet entretien, c'est l'importance du tutorat, en entreprise mais également pour elle au sein de sa faculté : « J’ai eu la chance d’être suivie par une professeure tout au long de mes deux années de Master. Elle m’a énormément conseillée et aidée dans la rédaction de ma lettre de motivation et m’a présentée à son réseau. D’ailleurs d’autres professeurs nous ont aidés dans notre recherche de stage. »

 

Et il ne faut pas négliger le réseau, ne pas avoir peur de pousser des portes, les anciens étudiants seront assurément ravis de pouvoir aider leurs benjamins s'ils ont une direction précise en tête, une idée de stage à creuser. Comme le dit Arnaud, « Mon stage de 2015, je l'ai eu par un contact du réseau d'anciens diplômés de ma formation. Je voulais travailler sur les transports, car il s'agissait du second domaine urbanistique qui me plaisait, après avoir décidé de ne pas poursuivre mon parcours initial. »

 

Elodie Bardès a été surprise elle-même de la constitution de son réseau, au fur et à mesure qu'elle gagnait en responsabilités au cours de son stage (elle est aujourd'hui embauchée dans la structure qui l'a accueillie et, on peut le dire, portée en tant que professionnelle) : « On ne le dira jamais assez le réseau reste l’une des meilleurs chances d’avancer dans cette carrière car cela permet de connaître les opportunités d'emploi ou les projets à venir et donc d’être plus efficace dans son travail ».

 

Opportunités. Ouvrant sur de nouvelles perspectives, un stage est également en lui-même une opportunité à saisir.

Fayçal Koucha nous le dit lui-même à propos de son premier stage. « Je ne connaissais absolument pas la coopération décentralisée des collectivités territoriales avant ce stage. C'est pourquoi ça a été un stage très enrichissant. » Un stage dans un domaine qu'on ne maîtrise pas à l'origine requièrera probablement davantage d'investissement dans les premières semaines pour entrer dans le jeu de l'entreprise qu'on intègre, en comprendre les rouages sans pour autant tout maîtriser, mais ce même stage sera également davantage à même d'être source de découvertes, d'apprentissages, permettra d'ouvrir des portes qu'on ne soupçonnait pas. Parmi toutes ces opportunités à saisir, il est probablement préférable de se fier à son instinct, ses aspirations, et peser l'équilibre entre ce que l'on souhaite et ce que cette expérience peut nous apporter.

 

De nouvelles opportunités peuvent également apparaître grâce aux stages, en explorant leur métier et ceux de leur L'esprit d'initiative permet de se valoriser et de saisir des opportunités, des chemins qu'on aurait pas osé tracer, en s'investissant pas de place pour l'ennui, jamais.

 

Surprises. « Imprévisible » : c'est par ce mot que Paul Naassan, urbaniste diplômé de Sciences-Po, résume son parcours de stage. Un mot qui a de quoi surprendre, mais tout parcours professionnel n'est pas forcément comme on l'a pensé au début, et c'est parfois tant mieux. Paul explique : "le cycle d'urbanisme m'a permis d'élargir le champs des métiers que je pouvais exercer." Après s'être d'abord orienté vers des stages en agences d'architecture, c'est désormais le domaine des transports qui l'intéresse.

Entre l'idée qu'on se fait d'un stage et la réalité, on note parfois quelques décalages. Quelques aléas seront toujours là pour pimenter vos missions. Et des surprises, il y en a des bonnes comme des mauvaises, celles qui vous amènent malgré votre idée originale à changer de voie en cours de route, comme la plupart des interviewés en témoigneront. Juste à titre d'exemple, Justin Lamare, environnementaliste s'étant finalement orienté vers l'aménagement du territoire, et de plus, en s'expatriant - double changement - de la France au Québec.

 

Mobilité. Ludovic Lauzeral est parti au Vietnam dans la Province de Lao Cai en 2015 pour participer à la conception du plan d'urbanisme de la ville de Bac Ha. Vincent Jauffrit a tenté l'aventure québecoise dans un organisme, regroupement de bassins versants. Martin Bedier est allé en Allemagne pour y voir que le métier de paysagiste y était bien mieux connu qu'en France. Fabrice Wack du côté de Rotterdam. Mobiles, oui, pour plus d'un. Et ils en ont retiré des enseignements prolifiques pour la suite, de même qu'une ouverture d'esprit sur d'autres manières de pratiquer et de concevoir la ville. Et il y a également tous ceux qui se sont déplacés à quelques dizaines ou centaines de kilomètres de chez eux pour aller voir si l'herbe était plus verte ailleurs, ou l'architecture, l'urbanisme moins gris.

 

Expérience. L'expérience, tout jeune professionnel en gagne et devient peu à peu crédible au fur et à mesure qu'il avance dans ses missions. Comme le résume Annaëlle, urbaniste : « mon parcours de stage a été 'progressif', puisqu'on m'a confié un peu plus de responsabilité au fur et à mesure. J'ai toujours veillé à vraiment m'impliquer dans les missions confiées, même pour un stage court et même si je savais que n'allais pas faire ça toute ma vie. » Et au fur et à mesure, l'appréhension disparaît et l'assurance s'accroît généralement chez les jeunes stagiaires qui passent de jeunes « tutorés » à des jeunes professionnels crédibles. L'expérience ne se fait pas en un jour... S'ils ont et auront probablement encore à apprendre dans les années qui viennent, je vous garantis qu'il y a également des enseignements à tirer du récit, largement enthousiaste et avec plusieurs pointes de dérision parfois, qu'ils portent sur leurs parcours.

 

L'ensemble des entretiens "Parcours de stages" est à retrouver ici :

Parcours de stages #1Yann Aubry, urbaniste / Clarisse Lanau, environnement / Lucas Chazel, urbaniste

Parcours de stages #2 : Elodie Bardès, urbaniste / Victor Noël, paysagiste

Parcours de stages #3 : Fayçal Koucha, urbaniste / Sophie Tronçon, cartographe / Arnaud, urbaniste des transports

Parcours de stages #4 : Annaëlle, urbaniste et pro de l'habitat / Martin Bedier, paysagiste / Paul Naassan, urbaniste des transports

Parcours de stages #5 : Anaïs, géographe-géomaticienne / Gaëlle Guegan, géographe-géomaticienne / Yann Pellerin, ingénieur des transports

Parcours de stages #6 : Aude Bougeard, paysagiste-scénographe / Fabrice Wack, architecte-urbaniste-paysagiste, à Rotterdam / Ludovic Lauzeral, urbaniste, parti au Vietnam

Parcours de stages #7 : Justin Lamare, environnement / Vincent Jauffrit, environnement / tous deux partis au Québec

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