Parcours d'entrepreneurs #3 / 22° / Silhouette Urbaine

Par Le 04/04/2017

Parcours d'entrepreneurs

Le grand saut. Après une expérience en entreprise, ils se sont lancés dans l'aventure de leur propre entreprise, personnelle ou/et collective.

Associés, entrepreneurs individuels ou autoentrepreneurs, depuis plusieurs années ou seulement quelques mois, leur entreprise, tous l'ont en revanche imaginée, créée, et ils nous livrent leurs retours.

A travers cette ultime partie de nos interviews, Pierre Thomas Cochaud Doutreuwe et Etienne Fouque, paysagistes de l'agence 22°, ainsi que Barbara Teisserenc, architecte associée pour Silhouette Urbaine, nous plongent au coeur de leur élan professionnel d'entrepreneurs.

 

Pierre Thomas et Etienne Fouque | 22°

Pierre-Thomas Cochaud Doutreuwe, Etienne Fouque

paysagistes 22° | création en octobre 2015

Barbara Teisserenc | Silhouette Urbaine

Barbara Teisserenc

Architecte-urbaniste associée à Silhouette Urbaine Architectes-Urbanistes | création en novembre 2012

Entrepreneurs, vous l'êtes pourquoi ? Quelles ont été les motivations à votre création d'agence ? Y a-t-il eu un déclic ?

Ce n’est pas l’entrepreneuriat en tant que tel qui nous a motivés à nous lancer fin 2015. En revanche, c’est le désir de réaliser nos propres projets, et de travailler ensemble qui nous a conduits à faire le grand saut, quelle que soit l’échelle, quelle que soit la commande. Nous avons choisi de nous mettre à notre compte par conviction, par envie de tenter l’aventure de monter notre agence.


Et la principale motivation est certainement l’envie d’être son propre patron... tout simplement.


On découvre l’entrepreneuriat depuis peu et on doit avouer que ça ressemble à ce que nous avions imaginé, en plus dur...

Après plusieurs années d’exercice qui m’ont permis de conforter mes compétences dans le domaine de la maîtrise d’oeuvre, et de l’urbanisme stratégique et opérationnel, tant auprès d’organismes publics que d’agences d’architecture et d’urbanisme, j’ai ressenti le besoin de m’engager plus activement dans le processus de réflexions et d’actions sur la ville.

Créer son entreprise et exercer en son nom propre se présentaient alors comme le moyen de revendiquer son travail, et de se positionner en affirmant sa vision de la ville et de l’architecture.

Je me suis donc associée avec trois autres architectes aux parcours et expériences diversifiés. Ensemble nous avons créé l’Atelier Silhouette Urbaine.

Comment s'est créée et propulsée votre activité d'entrepreneur ? Choix anticipé ou non ?

Nous nous connaissons depuis nos études de paysage à l’ESAJ, nous avions ce projet en tête depuis cette époque-là, ça ne nous a jamais lâché.

Après notre diplôme, nous avons continué à faire des concours ouverts en tout genre ensemble malgré la séparation géographique. Nous avions besoin de continuer à travailler pour voir si monter notre agence était possible, si nous étions complémentaires. Et nos passages respectifs en agence, notamment chez BASE, nous ont appris énormément, et on remercie tout le monde de nous avoir aidés à apprendre le métier.

Les projets se complexifient et on voit aujourd’hui de nombreux acteurs revendiquer leur droit à être intégré en amont dans le processus de conception du projet. Nous sommes face à une production hiérarchique centrée sur l’architecte ou l’urbaniste mais bien face à une production collective et négociée.


Dans ce contexte il nous est apparu essentiel de nous regrouper. L’Atelier Silhouette Urbaine est une structure de mise en commun de compétences pluridisciplinaires regroupant des collaborateurs spécialisés en urbanisme stratégique et opérationnel, en architecture et en patrimoine. Le fait d’offrir dans une même structure des compétences diversifiées nous a permis de nous distinguer et d’accéder plus rapidement à une commande importante et diversifiée.

 

Par quels chemins, obstacles, embûches êtes-vous passés, entre la création de votre entreprise et ce qu'elle est aujourd'hui ?

Il y a tout à faire quand on commence... et on se sent ignorant, car il y a beaucoup de volets à maîtriser (aspects juridiques, compta, recherche de clients, etc.). C’est la raison pour laquelle nous avons tenus à faire l’horrible exercice du business plan, mais il a le mérite de brasser tous les aspects de l’entreprise, donc on recommande cette étape. Quand on s’attaque à ce projet, on avance un peu dans l’inconnu. C’est une sensation étrange, il faut être sur tous les fronts, savoir gérer tous les aspects de l’entreprise, et mettre tout en oeuvre pour faire du bon boulot. Donc c’est deux fois plus de travail, mais quel plaisir quand ça avance.


D’un point de vue plus personnel, ça change. La pression est plus forte, mais nous avons la chance d’être super bien entourés, et à ce propos on n’a pas hésité à parler de notre projet à beaucoup de gens de profession et de maturité différentes. Tous regards, avis et encouragements nous on fait du bien.

La plus grande difficulté fut d’accéder à la commande publique ; il est difficile de prétendre au marché sans référence propre, c’est un problème récurrent.

Dans un tel système l’accès à la commande publique a constitué un défi et nous a nécessité d’élaborer une stratégie dans les choix des marchés et la constitution des équipes. De plus les dossiers de candidature nécessitent de composer des équipes importantes, ce qui nous demande un temps d’investissement conséquent.

Quel est votre regard actuel sur l'acte d'entreprendre ? Etre entrepreneur associé et voir le tout de l'intérieur, cela a-t-il changé votre vision de l'entreprise ? 

Le statut de la structure, son organisation, sa gestion, sont bien évidemment des outils essentiels qui permettent de définir le cadre de la société.

Mais j’ai pris conscience qu’une entreprise c’est avant tout un projet collectif inscrit dans le long terme. Finalement on peut l’aborder comme un projet d’architecture ou d’urbanisme : elle a un but et une idée directrice fondés sur des principes et des valeurs communes. Cela implique un rapport d’honnêteté, d’écoute et de dialogue.

Quelques unes de nos réalisations 

URBANISME - 22° - Côte d’Albâtre - Concours Up Albâtre -  Prix de la connexion.

↑ Urbanisme - Côte d'Albâtre - Concours Up Albâtre - Prix de la connexion.

PAYSAGE - 22° - Corée du Sud - Hippodrome et parc à Thème - Mention Honorable

↑ Paysage - Corée du Sud - Hippodrome et Parc à Thème - Mention Honorable

ESPACE PUBLIC - 22° - Merville-Franceville - Place de la Plage - Concours lauréat

↑ Espace public - Merville-Franceville - Place de la Plage - Lauréat 

Oui, le fait d’être passé de l’autre côté a changé notre vision de l’entrepreneuriat, mais pas de l’entreprise en tant que telle.

Être son propre patron c’est plus de pression que d’être salarié, c’est logique, on a plus de responsabilités. Si l’on veut que ça marche, c’est à nous de nous remonter les manches!

Quelques unes de nos réalisations 

Axonométrie du projet urbain Le Corridor à Val Parisis, ex friche industrielle - Silhouette Urbaine

↑ Axonométrie à Val-Parisis, ancienne friche industrielle

↓ Perspective de tissu pavillonnaire, Le Kremlin-Bicêtre

Perspective de tissu pavillonnaire

↓ Mobilier modulable

Mobilier modulable - Silhouette Urbaine Architectes

A votre idée, quel est l'avenir, les perspectives d'évolution de votre activité, et vos espoirs ?

Nos espoirs sont de toujours faire du bon boulot, quelle que soit l’évolution. Plus précisément, de pouvoir continuer à travailler sur des projets complètement différents comme c’est le cas en ce moment (du jardin privé à l’urbanisme... ) après tout notre métier, c’est de planter et de dessiner des lieux de vie...


Mais en réalité, nos perspectives et préoccupations sont pour le moment sur un temps plus immédiat : on pense à s’acheter une meilleure imprimante, peut-être recruter un stagiaire pour nous donner un coup de main et changer de bureau.


Voilà, on pense plus aux prochains mois qu’à l’année prochaine.

Pour conforter et faire évoluer notre savoir faire nous souhaitons conserver un atelier à taille humaine afin de garder une visibilité sur l’ensemble des projets réalisés et continuer à intervenir sur l’ensemble des phases depuis la conception jusqu’à la réalisation opérationnelle.


Inscrits dans une démarche prospective nous souhaitons nous engager toujours plus activement dans la recherche de solutions pour faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain.

Une des idées directrices de l’Atelier est de ne jamais travailler dans l’urgence afin de prendre le temps nécessaire à la conception et à l’expérimentation pour être en capacité de réaliser des études et projets de qualité. Le fait d'avoir exercé en maitrise d'ouvrage publique avant de créer l'atelier nous a permis de cibler les marchés auxquels nous pouvions prétendre et de définir plus précisément les attentes des différentes maitrises d'ouvrage.

Les choix conceptuels et décisifs, sur l’ensemble des projets de l’atelier, sont pris de manière collégiale, à quatre. La réflexion collective, avec l'ensemble de l'équipe, nous permet d’enrichir les projets en partageant l’expérience et le point de vue de chacun, mais également de développer une approche critique vis-à-vis de notre propre démarche. Notre savoir-faire est aujourd’hui reconnu par nos maitrises d’ouvrages qui font appel à nous sur d’autres études et nous recommandent pour des études similaires.

Et, pour finir, qu'avez-vous envie de transmettre aux professionnels en herbe - et en crayons - qui hésiteraient à se lancer dans le choix de l'autoentrepreneuriat ou de l'entrepreneuriat ?

On ne peut pas trop encore dire quoi que ce soit, vu que ça ne fait que quelques mois.
 

La seule chose qu’on peut dire c’est qu’il faut être motivé, mais le jeu en vaut la chandelle vu les incroyables sensations que cela procure. Mais encore une fois, ça ne fait que quelques mois...

Regroupez-vous!


 

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L'Atelier Silhouette Urbaine à Gentilly (94)

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